Au départ de l’aventure surréaliste, au début des années 20, il y a sans doute des poètes, André Breton en tête. Mais il y a aussi des peintres (André Masson, Max Ernst, Francis Picabia) et des photographes (Man Ray, Brassaï) soucieux de bousculer les limites de leurs genres et d’échapper à des codes de représentation un peu trop corsetés. On ne dira jamais assez que le Surréalisme est né de la révolte contre l’absurde réalité : celle de la Grande Guerre et de ses hécatombes, celle aussi de la société industrielle soumise aux critères d’efficacité et de rentabilité.

La Voyante
1961
Huile sur toile
46 x 61 cm
Anciennes collections André Breton et Arturo Schwarz
Galerie Les Yeux fertiles, Paris
A la place, les surréalistes vont promouvoir le hasard, la fantaisie, le rêve, l’inconscient : bref, tout ce qui relève de l’intangible et de la gratuité. Il s’agissait ainsi d’arracher l’homme aux limites et aux contraintes imposées par la société occidentale.
En cela le Surréalisme est une attitude devant la vie qui a des antécédents historiques – comme le Romantisme – et des héros littéraires – tel Rimbaud ou Lautréamont – qui bénéficieront grâce à eux d’un nouvel éclairage.
Est-ce que les surréalistes purent maintenir leur exigence jusqu’au bout ? Non, pour la plupart : certains, comme René Crevel, se suicidèrent, d’autres, comme Aragon, se rallièrent à la politique la plus réaliste.
Mais s’ils n’ont pas changé la vie, ils ont changé notre façon de la percevoir à travers les œuvres qu’ils nous ont léguées.
Ces oeuvres-là, nous pouvons en voir un échantillon modeste mais significatif, dans la salle du Conseil Général, 21 bis cours Mirabeau, avec cette exposition conçue par le poète Christian Arthaud. Un parcours bref – quatre petites salles, chacune étant associée à une couleur – mais riche de créations multiples (dessins, photographies, tableaux, vidéos), ainsi que de nombreuses éditions originales placées dans les tables-vitrines.
On se gardera bien de privilégier une expression sur une autre ou un artiste parmi tous ceux qui sont présentés ici ? Car le Surréalisme appartient désormais à notre histoire, sa marque étant apposée sur la moindre de ses productions.
Et si certaines œuvres, comme celles de Louis Scutenaire ou Maurice Henry, rappellent son caractère collectif, le surréalisme n’en est pas moins une idée répercutée et revisitée par une succession d’individualités créatrices.



André Breton. J’ai salué à six pas le Commandant Lefebvre des Noëttes, 1942-1943. Poème-objet contrecollé sur carton : carte postale collée sur carton, fils, paillettes, 33 x 24 cm. Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris. © Adagp, 2021. Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI. Dist. RMN-GP / Jacqueline Hyde.
Une leçon, certainement, pour notre époque si éloignée des valeurs prônées par cette révolution artistique.
Du 7 juillet au 3 octobre 2021. 21 bis cours Mirabeau, 13100 Aix-en-Provence. Tel : 04 13 31 68 36.
Jacques Lucchesi, fondateur de la maison d’édition : Port d’Attache.
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Nicolas Lopez
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