Si, pour certains créateurs, l’art prend l’allure d’un surgissement mystérieux dans leurs existences, sans avant ni après eux, pour d’autres, en revanche, c’est une affaire de transmission familiale. Cette deuxième voie fut celle d’Antoine et de Jos-Henri Ponchin.
Le premier, Antoine Ponchin (1872-1933) s’engagea passionnément dans la peinture, prenant pour sujets les multiples facettes de ce sud qu’il aimait tant : calanques, petits ports de pêche, détails urbains, scènes de genre et paysages provençaux. Adoubé par Jean-Baptiste Olive, il deviendra assez vite un peintre réputé au sein de l’école provençale. Son fils, Jos-Henri (1897-1981), dut certainement admirer l’habileté de ce père devant son chevalet. Quoi d’étonnant qu’à son tour il ait voulu se lancer dans l’aventure picturale, guidé par le même amour de la Méditerranée.
Travail de Antoine Ponchin :



Les opportunités de la vie les entraîneront pourtant loin, bien loin, de leur décor familier. Et c’est ensemble qu’ils découvriront l’Italie, l’Espagne et les pays du Maghreb, l’esprit grisé d’orientalisme, comme le montrent ici bon nombre de leurs tableaux. En ces temps où la France était fière de ses colonies un peu partout sur la planète, ils iront jusqu’au Tonkin transcrire des ambiances nouvelles avec une précision quasi ethnographique.
Un regard attentif sur leurs travaux respectifs fait rapidement apparaître leurs différences. La palette d’Antoine est plus flamboyante, plus réaliste aussi. Alors que Jos-Henri préfère de toute évidence des tons plus assourdis.
Son trait est plus flou et plus sinueux, rappelant parfois la touche expressionniste d’un Auguste Chabaud. Car nul ne peut s’affirmer dans un strict rapport d’imitation.
Travail de Jos-Henri :




Parmi les 116 œuvres présentées — des huiles, principalement —, beaucoup proviennent de collections privées, à commencer par celle de leurs propres héritiers qui se sont beaucoup investis dans cette rétrospective — la première qui leur soit consacrée. Pour sa 78eme exposition, le musée Regards de Provence revient donc à son identité fondamentale avec ces deux peintres talentueux, d’ailleurs plus prisés à l’étranger que dans leur propre terroir. Une raison supplémentaire pour découvrir cet été leur parcours présenté avec soin.
Du 25 mai au 30 octobre 2022. Du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h. Tous renseignements sur : www.museeregardsdeprovence.com
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