L’Art a le pouvoir d’ouvrir les consciences et nous permet d’embrasser une part de notre identité. En effet, les sphères culturelles et artistiques se présentent à nous d’une manière singulière. Boris Pierre, fondateur du nouveau festival Réflexivité(s) prévue à Lourmarin du 14 au 31 juillet 2022 (prolongé jusqu’au 5 août), répond à nos questions et met le doigt sur le rôle et l’importance de l’Art dans notre quotidien.
La culture dévoile ses secrets et favorise l’émergence de l’introspection du soi. D’ailleurs, depuis deux ans, nous voyons la planète se rapprocher de plus en plus de cette étude. Analyser notre mode de fonctionnement interne semble primordial pour comprendre nos attitudes et nos différents comportements. D’ailleurs, l’Art permet de réfléchir à propos du rôle que nous avons à jouer en tant qu’être humain. En effet, nous transportons en nous la quête du soi, celle qui permet de trouver une direction et un sens à la vie. La culture est un langage et est un excellent moyen de trouver des réponses aux questions existentielles.
C’est avec l’idée d’apporter un message impactant que Boris initie cette première édition. Originaire de Franche-Comté, ce gestionnaire de flux de marchandises vit dans le Luberon, à côté de Lourmarin. Le but de Réflexivité(s) est de donner une voix aux populations qui ne peuvent pas s’exprimer d’une part, puis de mettre la photographie journalistique sur le devant de la scène d’autre part.
Les minorités ethniques, les populations en zones de conflits ou dans une impasse peuvent, grâce à cette exposition, raconter leur histoire. « Les photographies montrent la vie de ces personnes avec une vive émotion ». Affirme Boris Pierre.



L’émotion est le parti pris artistique de ce festival singulier.
Par conséquent, les visiteurs s’immergeront dans le travail de 9 photographes pendant la durée du festival. Le désir de ces artistes s’oriente sur la sensibilisation de ces peuples qui vivent dans des situations désastreuses.
Les photos journalistes de guerre du festival :
- VÉRONIQUE DE VIGUERIE : est photoreporter, basée à Paris. Celle qui se présente ironiquement comme « photoreporter de guerre, mère de deux enfants, blonde et pas stupide » ne cesse d’être animée par le désir de montrer ce qui a besoin d’être vu. Reconnus. En 2018 elle remporte le prestigieux Visa d’or News pour son reportage : « Yémen, la guerre qu’on nous cache ».
- ADRIENNE SURPRENANT : est une photographe canadienne basée en France. Elle rejoint l’agence MYOP en 2022 et est membre de Women Photograph. Ses thématiques de prédilection se situent à la lisière entre le visible et l’invisible, pour rendre aux situations qu’elle aborde la complexité qui aide à s’y confronter de façon honnête et empathique.
- ÉDOUARD ELIAS : est journaliste et photographe, il vit en France. À 21 ans il part pour un reportage dans les camps de réfugiés syriens en Turquie et finit par se retrouver en Syrie. À son retour, il montre ses photos sur l’offensive des rebelles à Alep. L’agence Getty le recrute et publie son reportage sur « Le Martyre d’Alep ». En juin 2013, alors qu’il se trouve au nord d’Alep, il est pris en otage par des djihadistes de l’état islamique et sera libéré après onze mois de captivité.



Les photographes du festival
- PIERRE DE VALLOMBREUSE : est un photographe nomade, originaire du Pays basque, il partage sa vie entre Paris et Portland (US). Depuis 1986, il a constitué un fonds photographique unique de plus de 140 000 clichés sur 43 peuples autochtones dans le monde, rendant ainsi hommage à la précieuse diversité du monde.
- CÉLINE CROZE : est une artiste visuelle, elle est née à Casablanca et vit à Paris. Parallèlement à son parcours dans le cinéma, Céline développe plusieurs projets photographiques et vidéo.
- ANAÏS TONDEUR : Anaïs Tondeur (1985) est une artiste ancrée dans la pensée écologique, elle vit et travaille à Paris. Anaïs est engagée dans une pratique interdisciplinaire par laquelle elle explore de nouvelles façons de raconter le monde, porteuse de transformations de notre relation aux autres du vivant, et aux grands cycles de la terre.
- GABRIELLE DUPLANTIER : une photographe franco-américano-assyrienne, elle réside au Pays basque. Depuis ses premiers pas de photographe, elle parcourt sans relâche les mêmes lieux familiers dont elle tire des paysages étranges, instants crépusculaires, portraits fragiles ou puissants.
- DMITRY MARKOV : est un photographe russe, ses clichés réalisés avec un iPhone sont des icônes de la vie des gens ordinaires d’une Russie provinciale. Il vit et travaille à Pskov, dans l’est du pays, à la frontière avec l’Estonie.
- PRINTEMPS BIRMAN : Par Mayco Naing & Isabelle Ha Eav est un recueil de 14 poètes Birmans et Rohingyas et 6 photographes, tous exilés, emprisonnés ou assassinés par les militaires depuis le coup d’État de février 2021. Leurs œuvres sont des témoignages traversés d’étonnement, de colère et de détermination.

Le festival Réflexivité(s) propose par conséquent une exposition puissante faisant office de lien émotionnel, mais aussi spirituel.
En effet, la créativité nous définit en tant qu’être humain et oriente nos choix de vies. L’Art change le monde et modifie l’environnement de la personne qui s’y intéresse. D’ailleurs les images sont portées par des textes poétiques permettant aux passagers de mieux saisir la volonté du photographe. Rédacteurs, romanciers, mais encore écrivains et poètes ont écrit ces textes significatifs de manière spontanée pour accompagner les œuvres.
D’ailleurs, en voici un exemple de Simon Johannin pour Céline Croze
« Il n’y a que des animaux sombres pour laisser la trace de leur pas dans mon rêve. La nuit n’a pas quitté le monde lorsque j’ouvre de nouveau les yeux, la mer ne verse aucune chaleur dans les veines de cette ville grignotée par les siècles. Un esprit rôde autour de moi, il se nourrit et s’installe dans les fissures du béton. Il chante le chant d’une mort qui s’amuse à venir s’étendre le plus lentement possible. Il chante la défaite d’un soleil qui ne brille que pour les incendies. Il chante les rameaux d’un espoir fatigué, s’allongeant, s’enfonçant dans les recoins des rues, s’écrasant sur le sol depuis le bec d’une colombe n’en pouvant plus de traverser des mers de plus en plus grandes, de plus en plus profondes. La paix n’existe ici que dans la fumée, dans la brume et les nuages, dans le reflet des lampes chamaillant sans trêve l’obscurité autour ».



Pour le reste, Boris Pierre donne sa définition de la photographie. Une définition compréhensible, limpide et lumineuse. En effet, il précise que la photographie est en réalité le moyen de voir. Il s’agit de voir avec attention ce que le photographe a saisi et de tenter d’en capturer toute l’intelligence. La photographie c’est voir au-delà de l’esthétique, c’est choisir de voir dans l’invisible pour y trouver les symboles de la beauté et de la créativité.
La Méditerranée est un territoire riche, elle est une plaque tournante pour la culture. Nous connaissons les Rencontres de la Photographie à Arles, mais dans un sens plus large, le bassin méditerranéen propose une source inépuisable de créativité. Les domaines liés à l’art, l’architecture ou encore la sculpture positionnent cette terre au milieu des mers d’une façon inégalée. Réflexivité(s) s’inscrit dans ce paysage avec aisance et continuera son ascension au travers de la Grande Bleue.
Boris conseille aux personnes qui veulent se lancer dans la sphère artistique de laisser parler ses intuitions et ses émotions. La manière dont notre corps et notre âme se comportent donne un indice sur les choix que nous prenons tous les jours. Ces décisions se nourrissent de l’environnement dans lequel nous évoluons. En effet, un entourage bien choisi est un excellent vecteur de positivité affirme ce dernier. Une fois l’atmosphère stabilisée, il faut se lancer. L’Art est un moyen d’exprimer notre liberté et nos pensées et se vit en écoutant avec équilibre nos intuitions tout en étant dans la pratique, sans relâche.
Nous avons conclu cet interview en demandant à Boris de nous dévoiler ce qu’il serait s’il était un livre, une chanson ou encore un film.
« Si j’étais un livre, je serais sans aucun doute Réflexivité(s). Il s’agit plutôt d’un catalogue d’exposition d’une générosité unique de 110 pages avec photos et textes. En ce qui concerne la musique je serais Frankie Goes To Hollywood — The Power of Love. Il s’agit d’une musique que j’écoute beaucoup en ce moment, voire tous les jours. Enfin, un film, Scarface. Je peux le regarder tous les jours, il me fascine. »
Ses 5 adresses favorites à Marseille :
- Le Corbusier : un endroit où j’ai vécu ou j’aime encore beaucoup aller.
- Je dirais Marseille en général. Il faut la traverser depuis la Côte Bleu jusqu’au Goudes afin de l’apprécier dans son entièreté.
- Le Mucem : une adresse où je ne suis encore jamais allé. Il est urgent que j’y aille.
- Libraire Zoème : une association très inspirante où j’aime aller très régulièrement.
Les personnes qui l’inspirent le plus sont les personnes ordinaires qui réalisent leurs rêves en dépit des codes et des règles préétablies. Par ailleurs, les artistes, designers, photographes et architectes l’inspirent beaucoup également.
« À la rentrée je crée une maison d’édition de livres photographiques. Je souhaite porter le travail des photographes au travers d’expositions et par le biais d’ouvrages écrits. Je suis un amoureux des livres donc c’est devenu une évidence ces derniers temps. »
Informations du festival
Le festival se déroule à La Fruitière numérique. Avenue du 8 mai 1945 84160 Lourmarin.
Lundi 14 h à 18 h 30
Mardi au vendredi 9 h—18 h 30
Samedi 9 h—18 h
Nocturnes les 14 et 15 juillet
Gare Avignon TGV 65 km
Gare Aix-en-Provence TGV 45 km
Aéroport Marseille Provence 56 km
2 parkings gratuits à moins de 200 m
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Nicolas Lopez.