Yann Longobardi, photographe émotionnel marseillais

La photographie a le pouvoir de créer des moments d’émotions singuliers. Elle capture la beauté et permet à la créativité d’être magnifiée. Yann Longobardi est un talentueux photographe originaire d’Aix-en-Provence. Il utilise son talent pour figer le temps et arrive à nous émouvoir d’une manière qui lui est propre.

Conversation.

Après des études à Marseille et une carrière professionnelle dans la publicité à Paris, Yann Longobardi s’installe à Marseille en 2019. Il développe son amour pour la photographie en parallèle de sa carrière. Il en vit aujourd’hui au sein de la cité phocéenne. Son parti pris photographique met en lumière les effets du temps sur les choses qui font partie de notre environnement d’une part, et sur la valorisation des décors oubliés d’autre part. En effet, nombreux sont les lieux auxquels on ne fait pas attention et qui pourtant, détiennent les secrets des passages de différents individus. Yann cultive cette identité avec clarté, sensibilité et poésie.

« Mon travail photographique est teinté de couleurs chaudes, de nostalgie et d’une dimension intemporelle.”

Ses expérimentations photographiques le conduisent aujourd’hui à créer des clichés plus intimes. D’ailleurs, il développe depuis peu des images plus personnelles. Cette démarche trouve son origine par rapport à un besoin d’introspection à cause d’une gêne respiratoire plus connue sous le nom d’asthme. Elle fait son apparition quand il emménage à Paris, maladie qu’il n’avait jamais eue auparavant, et qui ne se déclare pas dans le sud. Cette dyspnée le pousse donc à créer différemment, notamment avec des clichés en noir et blanc profonds.

Yann Longobardi s’adapte aux différents environnements qui s’offrent à lui pour créer.

Nos expériences personnelles façonnent les personnes que nous sommes. L’idée est donc de se servir de ces différentes situations comme catalyseur positif afin d’en sortir grandi.

Yann expose actuellement son travail au sein de la Maison des Nines, dans le célèbre quartier de Noailles. L’exposition « Été Permanent » est une ode aux célèbres cabanons du littoral marseillais. Il y présente aussi son tout premier Fanzine, disponible à la vente, et y perpétue son travail autour des cabanons. Éditions Révolues s’occupe de tirer l’ouvrage.

Yann célèbre Marseille et elle lui rend bien. La ville joue la fonction de terre d’accueil pour l’artiste. En effet, issu de famille pied-noir et vietnamienne, Longobardi voit la cité phocéenne comme une ville cosmopolite, un réel melting pot de culture coloré. Cette terre méditerranéenne d’immigrés offre un panorama culturel diversifié. Cette identité forge sa complexité et sa beauté.

« C’est pendant le confinement que j’ai pu photographier les cabanons de la plage de la Bonne Brise, à Marseille. Il s’y dégageait une ambiance particulière, comme un supplément d’âme. C’est un endroit calme, paisible et serein, surtout en hors saison. » Déclare Yann.

Toutes les pratiques photographiques sont différentes, mais Yann affirme que le photographe capture des instants pour les figer et se créer des souvenirs concrets. La vie passe et nous voyons les événements s’enchaîner de plus en plus rapidement. D’ailleurs, le photographe a un rapport au temps et à l’espace très particulier. Ce métier capture des moments de vie et du quotidien aussi profonds que banals. Selon le jeune homme, les photographes ne sont pas obligatoirement obsédés par le fait que les choses disparaissent. En effet, il s’agirait plus d’une volonté de garder des traces et souvenirs tangibles, mais encore des sensations et émotions. Le pouvoir du photographe trouve son refuge dans la transmission et il joue un rôle déterminant pour nos mémoires et nos souvenirs.

La créativité et la spiritualité se complètent et détiennent une place fondamentale dans notre développement.

En ce qui concerne la créativité, elle nous pousse à chercher plus loin, à sortir de notre zone de confort. Elle véhicule des émotions et procure des sensations au corps. Conjuguées, ces sphères complémentaires permettent de nous dépasser afin d’être inspirés et inspirants. Yann Longobardi confirme aussi ces explications en confessant que la créativité permet de transmettre des sentiments puissants et des idées, ce qui permet de faire écho avec la sensibilité d’autrui. En conclusion, la créativité fait partie de notre identité.

Par ailleurs, Yann conseille à toutes les personnes qui souhaitent se lancer dans la photographie de choisir un thème singulier et de le travailler sous la forme de série. Cette méthode permet de structurer sa pensée et de donner un sens et une direction à son activité. Les valeurs telles que la sincérité et l’authenticité sont primordiales pour créer et faire ressentir des émotions aux autres. L’idée est également de s’inspirer du travail des autres et de comprendre leur parti pris artistique, sans copier ou se comparer.

Ses 5 adresses favorites à Marseille :

La colline sous notre dame de la garde pour la vue qui domine tout Marseille.
La Friche de la Belle de Mai et Le Couvent Levat, pour l’activité culturelle et artistique
La rue d’Aubagne pour son atmosphère et ses bonnes adresses (Maison des Nines, L’idéal, Yassine…)
Les Goudes pour son ambiance de bout du monde et son côté intemporel
Et bien sûr les cabanons de la bonne brise pour leur authenticité.

Les 5 personnes à succès qui l’inspirent le plus :

En termes de photographie, j’ai été beaucoup inspiré par le travail de la vague des photographes américains des années 60-70 comme William Eggleston, SaultLeiter, Stephen Shore et Joel Meyerowitz qui se consacraient à documenter le quotidien et l’ordinaire de l’Amérique de cette époque. Ce sont les pionniers de l’utilisation des films couleurs dans la photographie artistique qui était jusqu’alors exclusivement réservée au noir & blanc.
J’aime beaucoup aussi les travaux des Japonais Daido Moriyama, Nobuyoshi Araki et Motoyuki Daifu.
En ce qui concerne les photographes plus contemporains, j’aime beaucoup ce que produit Arnaud Montagard qui s’inscrit d’une certaine manière dans la lignée des photographes américains évoqués précédemment, ou la photographie de rue de Francesco Gioia.